Couverture du journal du 17/06/2025 Le nouveau magazine

[ Tendances Vins ] (Di)vins de moines

De la Bourgogne à la Toscane, en passant par la vallée du Rhône, les plus prestigieux vignobles européens portent l’empreinte séculaire des moines. Bien avant les œnologues modernes, ces religieux ont façonné des terroirs d’exception et établi les premières normes de qualité viticole.

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Aloxe-Corton, Romanée-Conti, Châteauneuf-du-Pape, Bourgueil, Bandol… Ces appellations réputées, emblèmes de l’excellence viticole européenne, ont un point commun inattendu : une origine monacale. Derrière les plus grands crus de France, d’Allemagne, d’Italie ou encore d’Autriche se cachent des siècles de labeur des bénédictins, cisterciens, chartreux, et autres ordres religieux. Ce sont eux, bien avant les œnologues modernes, qui ont façonné le paysage viticole du continent.

Dès les débuts du christianisme, le vin occupe une place essentielle. Symbole du sang du Christ dans le sacrement de l’eucharistie, il est indispensable aux célébrations religieuses. Le vin est très présent dans la symbolique chrétienne. La Bible multiple les références au vin. Jésus, aux noces de Cana, change l’eau en vin. Dans une parabole de l’Évangile de Jean (15), Jésus dit : « Je suis la vraie vigne et mon Père est le vigneron. C’est moi qui suis la vigne, vous êtes les sarments ».

Cette nécessité pousse donc les monastères à cultiver la vigne pour subvenir à leurs besoins liturgiques, alimentaires et médicinaux. 5 000 litres de vins sont ainsi consommés par an à l’abbaye de Saint-Germain des Prés1 ​​​​. Car le vin est aussi un aliment, une source de revenus et un remède dans les infirmeries monastiques.

Incubateurs de savoir-faire viticole

Vers 650-660 est créé en Champagne le monastère d’Hautvillers, près d’Épernay. Dom Pérignon y fera quelques expériences effervescentes mille ans plus tard. Plus amusante encore est l’histoire d…

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