Voilà 11 ans que l’Apesa 33 a été créée au sein du tribunal de commerce de Bordeaux et qu’elle a déjà accompagné plus d’une centaine de chefs d’entreprise girondins en difficulté. Désormais, le dispositif est étendu aux tribunaux de justice (TJ) de Bordeaux et Libourne. C’est ce qui a été annoncé par les chefs de juridiction : Emmanuelle Perreux, présidente du TJ de Bordeaux et Renaud Gaudeul, procureur de la République, Laetitia Dautel, présidente du TJ et Loïs Raschel, procureur de Libourne, avec les représentants de l’Apesa 33, Francis Arnaud et Caroline Ricou-Bourdin.
Repérer les cas préoccupants
L’Apesa – aide psychologique pour les entrepreneurs en souffrance aiguë – a été créée en 2013, un an avant l’antenne bordelaise, par un psychologue clinicien et le greffier du tribunal de commerce de Saintes, qui constataient tous deux l’importante détresse psychologique des chefs d’entreprise en procédures collectives. Une détresse qui peut parfois mener au suicide.
Le dispositif fonctionne avec un réseau de sentinelles au sein du tribunal de commerce, et désormais au sein du tribunal de justice, qui repèrent les cas préoccupants. La sentinelle propose alors l’aide du dispositif et le chef d’entreprise est rappelé dans les 24 heures par un psychologue du centre de Nantes. Puis un accompagnement en cinq séances avec un psychologue de secteur agréé par l’Apesa est mis en place.
Recherche de financements
Les représentants de l’Apesa remarquent une augmentation significative des besoins : « On est passé d’une vingtaine de signalements par an ces 10 dernières années à 61 en 2024 » a précisé Caroline Ricou-Bourdin. La démarche des TJ de Bordeaux et Libourne s’inscrit dans un contexte d’augmentation des procédures collectives (+ 83 % d’ouvertures de dossiers à Bordeaux et + 48 % à Libourne, cf. graphique) et de l’activité de prévention des difficultés des entreprises. Les justiciables relevant du tribunal de justice – les professions libérales, les agriculteurs et viticulteurs – sont justement très touchés par la crise économique. « Nos juges et nos greffiers, ainsi que les mandataires désignés, seront formés au repérage et au signalement des entrepreneurs en détresse morale ou psychologique », ont noté les chefs de juridiction présents lors de la signature.
Alors que l’Apesa collabore avec 104 juridictions (TC) en France, les TJ de Bordeaux et Libourne sont les premiers en France à mettre en place ce dispositif. « Ça a été un travail colossal pour arriver à cette signature », a relevé Emmanuelle Perreux. Mais ce dispositif est également coûteux : pour la formation des sentinelles et la prise en charge des chefs d’entreprise (425 euros par dossier).
Après de multiples démarches auprès de l’administration et des acteurs de la vie économique, les TJ ont obtenu des premiers fonds : « des mandataires judiciaires, suivis des commissaires-priseurs, ce qui est très encourageant, ont remarqué les chefs de juridiction. Pour la suite, nous recherchons des financements » ont-ils appelé de leurs vœux.