Le vin sans alcool ? Il y a encore cinq ans, l’idée semblait incongrue dans les rangs du Bordelais. Aujourd’hui, elle agite les chais, suscite l’intérêt des exportateurs, attire de nouveaux consommateurs et questionne l’avenir d’une viticulture sous pression. La tendance no/low, désignant les boissons sans ou à faible teneur en alcool, s’affirme désormais comme un marché à part entière. En 2022, selon le blog économique Études&Analyses, le marché du vin sans alcool représentait au niveau mondial plus de 3,8 milliards de dollars. Selon le cabinet américain Fact. MR, spécialisé dans les prévisions de marché, la progression des ventes de vins non alcoolisés devrait continuer pour atteindre 5,2 milliards de dollars en 2033.
La tendance dépasse largement le secteur du vin et gagne également le marché des spiritueux. Selon une enquête réalisée par Allied Market Research, le marché des spiritueux, évalué à 325,8 millions de dollars en 2023, devrait atteindre 706,7 millions de dollars d’ici à 2033, avec une augmentation régulière de 8,1 % de 2024 à 2033. Le même Allied Market Research a également produit une étude sur le marché des boissons sans alcool dont le vin fait partie et qui devrait atteindre 45 milliards de dollars d’ici à 2030, avec un taux de croissance annuel moyen de 7,6 % entre 2021 et 2030.

Le vignoble bordelais est à l’honneur de la cave Belle Grappe © D. R.
3 % du marché du vin
En Europe, ce secteur est particulièrement dynamique, le segment du vin sans alcool représente aujourd’hui environ 3 % du marché total du vin. Selon cette même étude, les ventes ont progressé de 20 % entre 2021 et 2023. La tendance du vin sans alcool est plutôt récente en France, alors que d’autres pays comme l’Allemagne (40 % des parts de marché européen selon Allied Market Research) sont précurseurs, suivie du Royaume-Uni et de la Scandinavie. D’autres marchés commencent à émerger : les États-Unis et l’Asie du Sud-Est.
La tendance, « sans alcool, 0 degré, No/Low » ne se limite pas au seul Dry January (mois de janvier sans alcool, NDLR) et s’explique par différents mouvements : il y a ceux qui ne peuvent pas boire d’alcool pour des raisons de santé, par conviction religieuse ou les femmes enceintes. Les – qui sont aussi des consommateurs d’alcool, les « flexi drinker » – souhaitent réduire leur consommation tout en…