« On n’apprend pas à être entrepreneur, il n’y a pas de formation pour cela. » Le parcours d’un entrepreneur est semé d’obstacles inattendus. Claudine Péry est bien placée pour le savoir. Elle-même a lancé une entreprise innovante dans les années 80 qu’elle a dû liquider quelques décennies plus tard. Terrassée ? Sur le moment. Mais pas à terre car cette Bordelaise dynamique a du ressort et a su rebondir pour faire profiter ses pairs de son expérience. En 1984, Claudine Péry, qui a déjà une expérience de salariée dans un groupe du bâtiment, lance ATEM, une entreprise en ingénierie du bâtiment spécialisée sur la fabrication de façades légères. « Je n’étais pas une technicienne mais j’ai lancé un concept novateur », remarque-t-elle, issue elle-même d’une lignée de femmes chefs d’entreprise, « je n’ai jamais vu une femme tricoter chez moi. Ça laisse des traces. » Elle pratique un management participatif, comme sa mère auparavant, accordant une attention particulière au personnel. Une belle réussite aussi bien technique que financière, mais un drame personnel va avoir raison de cet équilibre. « Quand on est chef d’entreprise, on pense à tout sauf à ça », regrette-t-elle. En redressement judiciaire, Claudine Péry jette l’éponge et arrête son activité : « J’avais 63 ans, je me trouvais trop vieille pour un nouveau projet. J’avais tort. »
REBONDS
La carrière de Claudine Péry prend alors un nouveau tournant en s’engageant dans le milieu associatif. Parmi plusieurs expériences, elle collabore notamment à l’élaboration de 60 000 rebonds avec Philippe Rambaud, qui soutient techniquement et moralement des chefs d’entreprises après une liquidation judiciaire. De 2012 à 2015, elle s’investit dans l’association, maintenant nationale, qui accompagne le chef d’entreprises dans un rebond salarial ou entrepreneurial. Et c’est là qu’elle fait le constat d’un grand manque : la solitude, à la fois morale et de moyens, du chef d’entreprise face aux difficultés. « Ces chefs d’entreprises, TPE/PME, qui n’ont pas les moyens de se payer un conseil, tombent en précarité financière et morale », soutient-elle, « ils n’ont plus la capacité de gérer leur entreprise. La chute est inévitable. » En 2016, elle crée ainsi Entraide & Entrepreneurs. Sa mission est d’intervenir avant les grosses difficultés pour les aider à passer un cap difficile. « Il faut accepter l’échec comme un accident de vie », et comporte deux critères importants : un accompagnement long et pluridisciplinaire. « Le chef d’entreprise vient touj…