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Confinement : accélérateur du changement de carrière

Directrice de projet du CEP 33 (Conseil en Évolution Professionnelle de la Gironde), Alice Denmanivong décrypte le dernier baromètre OpinionWay sur l’évolution professionnelle à travers ses observations en Gironde. Professionnellement, il y a un avant et un après le 1er confinement.

Confinement : accélérateur du changement de carrière

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Échos Judiciaires Girondins : Quelle est la fonction du CEP ?

Alice Denmanivong CEP 33

Alice Denmanivong, Directrice de projet du CEP 33 © D.R.

Alice Denmanivong : « Nous accompagnons les salariés et les indépendants en activité dans leur évolution professionnelle depuis le 1er janvier 2020. On a 92 conseillers, répartis sur 8 départements de Nouvelle-Aquitaine, qui sont naturellement passés en télétravail lors du premier confinement, et de nouveau depuis le 29 octobre. Tous nos conseillers sont prêts à maintenir le service. »

 

EJG : Comment avez-vous géré le premier confinement et comment se présente le second ?

D. : « Il y a eu une demande extrêmement forte en janvier et février 2020. Mais le 17 mars, on est passé de 600 à 900 appels/jours en moyenne à 90 ! Et pour ce nouveau confinement, c’est à peu près la même chose : on était à 450 appels mercredi 28 octobre et à 93 le lendemain. Les gens accusent le coup, ont besoin de réfléchir. Le premier confinement a été rude, puis l’activité a peu à peu redémarré. Des gens se sont retrouvés en chômage partiel et avaient du temps à consacrer à leur projet. Ils étaient contents d’avoir au téléphone ou en visio des conseillers disponibles. Puis en mai-juin, il y a eu une bonne reprise, qui s’est un peu tarie en juillet-août. Puis les demandes ont explosé en septembre, et se sont maintenues en octobre. Maintenant, on est de nouveau face aux incertitudes en raison de ce nouveau confinement. Nous on continue, on proposait déjà un suivi en présentiel ou en distantiel. C’était une option qui s’est généralisée, et aujourd’hui on est prêt ! »

Lors du premier confinement, les personnes en chômage partiel avaient du temps à consacrer à leur projet

EJG : Y a-t-il réellement un avant et un après confinement ?

D. : « Oui et à tous les niveaux. Le confinement a été un déclencheur, on voit dans le baromètre qu’il y a une demande beaucoup plus forte de trouver un meilleur équilibre entre vie professionnelle et personnelle. Pour certains qui mûrissaient un projet, qui voulaient se recentrer ou développer de nouvelles compétences, ça a eu un impact, et ils se sont engagés dans un congé de création d’entreprise. Ça a donné un coup d’accélérateur. Mais dans l’autre sens, des personnes qui avaient envie de démissionner en début d’année font plutôt machine arrière et préfèrent temporiser dans ce contexte inquiétant. Mais de manière générale, on sent aussi beaucoup d’inquiétude, et on essaie de rassurer les gens. »

 

EJG : Quels sont les secteurs les plus touchés par l’évolution professionnelle ?

D. : « Des secteurs comme l’aéroportuaire, du personnel navigant ou au sol, des compagnies aériennes qui se retrouvent en chômage partiel. Mais également des personnes qui travaillent dans l’hôtellerie et la restauration sont très touchées, particulièrement en Gironde, pour qui les contrats sont suspendus. On a aussi beaucoup de demandes de soignants qui n’en peuvent plus et qui réfléchissent à la reconversion. C’est tout le paradoxe, on en manque et on a une vraie demande dans ce domaine, mais les gens qui sont en poste souffrent beaucoup. »

On a beaucoup de demandes de reconversion de soignants qui n’en peuvent plus

EJG : Les demandes de compétences interviennent dans quels domaines ?

D. : « On a pas mal de demandes autour de la création, par exemple des coiffeuses qui veulent se mettre à leur compte ou à domicile, des projets de foodtruck, mais aussi beaucoup de reconversions dans les métiers du soin, du bien-être, comme la naturopathie par exemple. On sait que ce sont des activités pas évidentes à faire financer, donc on les propose plutôt en complément d’activité. On essaie de sécuriser au maximum dans ce contexte de crise économique. On a aussi des demandes de formation dans le domaine de la santé, mais elles sont longues – 3 ans en moyenne – ce n’est pas toujours facile à financer pour des salariés, il faut donc trouver des montages. »

 

EJG : Ressentez-vous dans les demandes de reconversion un besoin d’accomplissement ?

D.: « Très clairement, les personnes qui veulent évoluer aujourd’hui sont souvent dans cette démarche d’accomplissement. La rémunération est encore importante mais celle de la recherche de sens encore plus. Et le Covid a eu cet effet-là, ça a permis aux personnes de se recentrer sur leurs vraies valeurs. On le sent bien dans les démarches de reconversion, c’est pour ça que beaucoup s’engagent dans le bien-être. Aller vers quelque chose qui a du sens, se sentir utile, en accord avec soi-même. »

Dans les démarches de reconversion, beaucoup sont attirés par le bien-être. Aller vers quelque chose qui a du sens

EJG : Connaissez-vous des personnes qui ont changé de vie après le confinement ?

D. « Plutôt dans la sphère privée, à commencer par ma cousine qui était responsable qualité dans l’aéronautique, un secteur très impacté, et qui est en train de se former pour monter une ferme pédagogique. C’est dans l’air du temps ! »

 


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