Échos Judiciaires Girondins : En tant que laboratoire pharmaceutique vétérinaire, vous connaissez bien les coronavirus. Est-ce un virus très commun chez les animaux ?
Marc Prikazsky : « Oui, c’est une grande famille de virus, avec 4 groupes principaux à l’intérieur : alpha, bêta, gamma, delta. Le nom corona vient d’une couronne autour du virus, une forme caractéristique avec des spikes (pointes, NDLR), qui sont les zones qu’on cherche à attraper avec des anticorps. Il peut y avoir des coronavirus sur les canards, les poulets, les porcs, les vaches laitières, etc. En santé humaine, il y a les coronas des jeunes enfants qui provoquent des problèmes respiratoires souvent superficiels classiques, comme le rhume. Il y en a sur toutes les classes d’animaux, sur quasiment toutes les espèces, qui provoquent des maladies très variables, dont le bêta, qui est le Covid ».
EJG : Les cas de contamination des animaux vers les hommes sont-ils communs ?
M.P. : « La très grande majorité des nouvelles infections touchant l’homme, notamment des maladies extrêmement disruptantes comme le SRAS 2 ou Ebola, vient d’espèces sauvages. En particulier des chauve-souris pour le coronavirus, car elles hébergent au moins 40 types de coronas différents, auxquels elles sont extrêmement tolérantes. Elles sont notamment à l’origine du SRAS, du MERS et certainement du Covid-19. Ensuite, comment la chauve-souris va infecter l’homme ? Souvent par un intermédiaire qui a une proximité plus importante avec l’homme. Le MERS, un coronavirus apparu au Moyen-Orient, est passé d’une chauve-souris, à un dromadaire, à l’homme. Ensuite, la pandémie devient pandémie quand l’homme transmet à l’homme. Mais en général, le virus finit dans un cul-de-sac. Il faut des conditions très particulières pour qu’il soit transmis à l’homme. On l’a vu également avec des grippes d’origine aviaire, apportées par des palmipèdes, des anatidés sauvages, qui la transmettent à des canards domestiques, en se posant à proximité ».
La très grande majorité des nouvelles infections touchant l’homme vient d’animaux sauvages
EJG : Le virus est donc toujours d’origine animale ? A-t-il une saisonnalité ?
M.P. : « Les nouvelles infections humaines, les grandes pandémies, sont à 70 % d’origine animale. Il y a aussi des infections récurrentes qui peuvent tourner autour du globe en fonction des saisons. Actuellement, on se demande si le Covid-19 va baisser pendant l’été.
Or on sait que le coronavirus n’est pas très résistant à l’extérieur pendant les périodes chaudes : s’il y a beaucoup de soleil, il va avoir tendance à être détruit plus vite, donc la probabilité de le transmettre à quelqu’un se réduit. Mais dans les lieux de vie à forte densité, ça ne veut pas dire que ça va s’arrêt…