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Défense : la vocation avant le salaire

Le cabinet de recrutement bordelais AEY Défense (Approach Executive Yard) a publié une enquête de rémunération dans le secteur de la défense. Elle a été réalisée d’avril à juin dernier sur un panel de 900 personnes en France.

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« Notre enquête a été réalisée dans un contexte particulier » précise d ’emblée Carla Vignau, consultante pour AEY Défense. « Sur fond de crise sanitaire, de conflit en Ukraine, on assiste à un retour des aspects de défense dans un contexte de réarmement général. » Pour cette enquête de rémunération, le cabinet bordelais a interrogé 900 salariés du secteur de la défense recouvrant les sous-secteurs de la défense, la sécurité, l’aéronautique, le spatial, le maritime et la cybersécurité. L’enquête a été réalisée d’avril à juin dernier. Cette étude de marché a été menée principalement auprès des cadres liés à la direction générale, à la direction administrative, ressources humaines, direction commerciale, export, ou avec des aspects plus techniques : métiers de l’ingénierie, chefs de programme, de projet, logistique supply chain. Ils ont été identifiés grâce aux canaux habituels, comme Linkedin, l’Apec ou Cadre Emploi…

EN COURS DE FÉMINISATION

L’étude met en valeur un secteur très masculin (83% d’hommes), mais avec une dynamique de fond de féminisation, encouragé par les regroupements industriels : Gicat (défense et sécurité terrestre), le Gifas (aéronautique et spatiale) et le Gican (construction et activités navales). Le Gifas, par exemple, collabore avec l’éducation nationale pour améliorer l’attractivité des sciences, des techniques et de la recherche auprès des jeunes filles. Une tâche pourtant ardue quand on sait que la part de filles sortant des écoles d’ingénieurs (1/5e environ) stagne. On trouve principalement des femmes sur les activités marketing et commerciale. La pyramide des âges est assez équilibrée, même si on constate que 55 % ont plus de 45 ans. « Mais on a également une grande part de jeunesse », temporise Carla Vignau, remarquant que près de 23 % ont entre 25 et 35 ans, « en corrélation avec la sensibilisation progressive sur les enjeux de défense. »

RÉMUNÉRATION SATISFAISANTE

75 % des cadres interrogés se disent satisfaits de leur rémunération annuelle globale. En effet, 72 % ont une rémunération supérieure à 50 K€, contre 52 % tous secteurs confondus. Ils sont seulement 28% à avoir une rémunération inférieure à 50 K€, contre 46 % dans les autres entreprises. 36 % ont une rémunération supérieure à 80 K€ contre 13,3 % seulement tous secteurs confondus. On voit que la moitié des directeurs généraux ont une rémunération supérieure à 110 K€, de même que 40 % des cadres de la cybersécurité. À ces rémunérations fixes, s’ajoutent souvent des rémunérations individuelles variables, et des primes à l’intéressement et/ou à la participation, ainsi que des avantages en nature (véhicules, frais, CE…)

75 % des cadres interrogés se disent satisfaits de leur rémunération annuelle globale

RECHERCHE CHEFS DE PROJETS

La recherche porte essentiellement sur les chefs de projets, avec une certaine technicité, englobant également le management. « On a une double dimension : on est mandatés pour des recherches de profils, mais également pour accompagner des candidats » insiste Carla Vignau. C’est un secteur assez diversifié. Les cadres y restent fidèles car ils peuvent passer de l’aéronautique à la cybersécurité. On remarque en effet que plus de 18 % sont dans le secteur depuis 16 à 25 ans et près de 15 % depuis 25 à 35 ans. En revanche, 34 % sont dans leur société depuis moins de 2 ans et 29 % depuis 2 à 5 ans, ce qui confirme un grand dynamisme.

LOCALISATION ET TÉLÉTRAVAIL

À la question des motivations, arrive en 1er choix l’intérêt de la mission confiée, pour un peu plus de 60% des répondants. En 2e choix seulement, la rémunération est évoquée par 33 % des répondants, suivie par la localisation géographique (24,4 %) puis l’environnement du travail, et les perspectives d’évolution. « La localisation géographique est un aspect très important des motivations, ça entre en corrélation avec la crise Covid, et un certain nombre estiment par exemple que le télétravail est un aspect important de prise de poste. Certaines personnes préfèrent vivre en province. Les jeunes en particulier veulent faire du télétravail » analyse Carla Vignau. « C’est une donnée de plus en plus importante, qui bouleverse les conditions traditionnelles de travail ».