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Inorix, l’atout sécurité

CENON - Patrice Beal, et son associé, Lionel Boudet, ont fondé, en 2018, l'entreprise Inorix spécialisée dans la sécurité privée. Six ans après sa création, l'ETI emploie plus de 1 000 salariés et a réalisé un chiffre d'affaires de 32 millions en 2023.

Inorix

Patrice BEAL coprésident d'Inorix © Nathalie Vallez

« Dans ce secteur, il faut être curieux, malin, discret et s’adapter. C’est ce qui a forgé ma personnalité de chef d’entreprise », énonce Patrice Beal. C’est en 2018, après son MBA et huit années en tant que directeur général d’une branche de Securitas (entreprise suédoise leader mondial dans le secteur de la sécurité privée), qu’il décide de lancer sa propre société, Inorix, spécialisée dans la sécurité des entreprises. Il choisit de s’associer avec Lionel Boudet, ancien salarié de sa première entreprise Ferssa (lire encadré).

Pour se lancer, ils sollicitent leur réseau : « Cela faisait 25 ans que j’étais dans la profession, plein de clients voulaient m’aider, trois d’entre eux l’ont vraiment fait ! ». Carrefour, But et Beam (autrefois Congrès Exposition de Bordeaux) les soutiennent. Les autres clients suivent, principalement issus de la distribution, de l’industrie de la défense, de l’événementiel et du tertiaire.

L’entreprise de taille intermédiaire, c’est ce qui permet d’être le plus agile et réactif aux demandes du marché

Entreprise intermédiaire

« Le sentiment d’insécurité est tellement fort, qu’on doit trouver de nouvelles solutions. On a une croissance continue depuis plusieurs années », continue Patrice Beal, le secteur de la sécurité ne connaît pas la crise. Le chiffre d’affaires de l’entreprise, qui s’élevait à 1 million d’euros en 2018 après 6 mois d’exploitation, a bondi à 16 millions en 2021 pour atteindre 32 millions en 2023. « On a la reconnaissance et l’expérience du marché. Notre offre correspond bien aux besoins de nos clients », commente-t-il.

Être une entreprise de taille intermédiaire lui permet d’être plus agile et réactive aux demandes du marché selon Patrice Beal. « Dans ces grandes structures, on est toujours en train de modifier l’organisation pour s’adapter aux besoins du marché et aux évolutions. Quand elle est trop petite, elle n’a pas les moyens de mettre en place certains dispositifs, quand elle est trop grosse elle a une certaine forme d’inertie. L’entreprise de taille intermédiaire est le meilleur format. »

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Lutter contre la cybercriminalité

Inorix développe cinq domaines d’activité : la surveillance humaine et le gardiennage qui représentent 90 % du CA. Elle propose également une partie audit et conseil à forte valeur ajoutée : des diagnostics et préconisations par des ingénieurs qui vont intervenir sur les problématiques de l’entreprise, concernant des risques terroriste, sanitaire, environnemental ou de cybercriminalité. « On a une offre très adaptée », indique Patrice Beal.

Il y a également tout ce qui concerne la formation : « On forme nos salariés mais aussi nos clients sur tout ce qui est obligations réglementaires des entreprises », rajoute-t-il. Actuellement, l’entreprise a 2 centres de formation, à Bordeaux et à Paris et envisage d’en ouvrir un 3e à Lyon. Elle propose également de la protection rapprochée : « On est sur de l’accompagnement de dirigeants en France et à l’étranger, mais également de la gestion de crise », observe-t-il. Enfin, la dernière activité connexe concerne l’accueil en entreprise, cette offre va du gardiennage à la gestion des flux visiteurs, le standard, la réservation de salles, le courrier, etc.

 

Valoriser les salariés

Au sein de l’entreprise, les possibilités d’évolution sont importantes pour les salariés : « Sans avoir un bagage scolaire, si on est prêt à s’engager, si on a de l’énergie, on peut très vite gravir les échelons ». Trouver des salariés est compliqué car les postes sont peu valorisés et peu rémunérés. Le recrutement demande donc beaucoup d’engagement. Les associés d’Inorix collaborent avec France Travail et ont fait le choix d’aller vers les quartiers prioritaires, vers les jeunes à qui ils proposent un cadre, notamment avec l’Epide qui accompagne des jeunes entre 16 et 25 ans en décrochage, mais aussi avec l’école de la 2e chance.

« On a plusieurs enjeux en matière de recrutement, souligne Patrice Beal, les quartiers prioritaires, les personnes éloignées de l’emploi, les personnes en situation de handicap et les femmes. » Ces dernières, qui représentent 15 % des effectifs, sont présentes sur les fonctions support, mais pas suffisamment sur les opérations : « On fait en sorte d’intégrer des filles sur les fonctions d’encadrement et auprès de nos agents ».

 

Objectif 60 millions de CA

Inorix compte six bureaux : « Notre ambition est d’être présents sur les 10 principales agglomérations françaises d’ici 2025, intervient Patrice Beal, on est en train d’ouvrir Marseille, Lille et Strasbourg sont prévus en 2020 ». Le siège social, installé à Cenon, regroupe toutes les fonctions support. Il rassemble une trentaine de collaborateurs, mais le gros des effectifs est sur le terrain.

« On voudrait atteindre 50 à 60 millions de chiffre d’affaires, mais pas aller au-delà, tempère Patrice Beal, On veut continuer à proposer une offre de services à nos clients, conserver une proximité avec nos collaborateurs, et travailler notre marque employeurs. » L’entreprise est aussi investie dans une démarche pour devenir une entreprise à mission en 2025. « Notre mission est d’assurer et de contribuer au sentiment de sécurité des citoyens français par l’intégration de personnes éloignées de l’emploi », conclut-il.

On voudrait atteindre 50 à 60 millions de chiffre d’affaires

Patrice Beal – Bio express

Il connaît la culture du secret. Pour Patrice Beal, s’investir dans la sécurité privée était une évidence, « une trajectoire logique ». Son père et son grand-père ont dirigé pendant des décennies une des plus anciennes agences de renseignements à Saint-Étienne, et lui-même a débuté en tant que détective privé. Mais en 1994, Patrice Beal quitte sa ville natale pour fonder Ferssa, sa première agence de sécurité à Bordeaux. Associé avec son ex-beau-père, ils souhaitent s’implanter dans l’ouest de la France. En 2009, ils atteignent 30 millions de chiffre d’affaires et décident de vendre au géant Sécuritas. Patrice Beal devient ainsi DG d’une des branches d’activité : « Je gérais une grosse machine, une boîte qui faisait 2 500 salariés, entre 60 et 100 millions de chiffre d’affaires ». Mais son « complexe de l’autodidacte » le pousse à s’inscrire en MBA à 47 ans : « Je ne sais pas si ça m’a rendu meilleur, mais ça m’a permis d’acquérir des concepts ». Fin 2017, il se rend compte qu’il est « à la fin d’un cycle et a l’envie d’entreprendre » : il crée alors Inorix. Parallèlement, Patrice Beal s’engage dans la vie économique locale : président de la commission des finances à la CCI, vice-président de la CPME 33 et président du Réseau Entreprendre Aquitaine.

En chiffres

2018 : création

32 millions de CA

6 bureaux : Bordeaux (Cenon), Paris, Lyon, Rennes, Toulouse et Nice.

30 collaborateurs au siège social de Cenon

1 000 salariés