Couverture du journal du 17/06/2025 Le nouveau magazine

[ La relève ] Bordeaux : Ouidrop robotise le drive

Elle n’a pas pivoté mais adapté son produit à un nouveau marché. Fondée par Thibault Soulier à Bordeaux en 2017, la société Ouidrop conçoit, fabrique et commercialise des solutions robotisées pour optimiser le dépôt et le retrait de courses et colis en click & collect. Elle cible aujourd’hui les drives alimentaires.

Thibault Soulier, Ouidrop

Thibault Soulier, fondateur de Ouidrop, dans l'atelier bordelais l'entreprise © Hélène Lerivrain

Thibault Soulier n’avait que 24 ans, en 2017, quand il s’est lancé dans l’entrepreneuriat dans le cadre de son stage de fin d’études à l’Inseec, école de commerce à Bordeaux. L’aventure avait d’ailleurs bien débuté avec la conception et réalisation d’une solution de vestiaire automatisé pour les événements. « Nous répondions à une problématique du quotidien », explique Thibault Soulier aujourd’hui âgé de 32 ans. La machine testée avait fait ses preuves.

Mais c’était sans compter sur la crise Covid qui a signé la fin prématurée de ce produit sur un marché de l’événementiel « anéanti », rappelle Thibault Soulier, touché mais pas coulé. Car « le Covid, c’est aussi le moment où l’e-commerce a explosé. » Thibault Soulier prend alors la décision d’adapter la machine pour se lancer dans le click & collect de colis puis le drive qui tire aujourd’hui l’activité de l’entreprise.

« Dans le monde du colis, les acteurs écrasent les coûts et investissent peu », explique Thibault Soulier. Dans le monde du drive, si la machine développée par Ouidrop coûte en moyenne 250 000 euros, l’entreprise met en revanche en avant « une solution 35 % moins chère que du personnel et permet 20 % de chiffre d’affaires supplémentaire grâce à l’élargissement des plages de retrait. Le retour sur investissement se fait en moins de trois ans », avance Thibault Soulier qui rappelle que les modes de consommation évoluent.

Automatiser le drive

« Les courses en drive augmentent tandis que les magasins connaissent des baisses d’activités. » Ouidrop se saisit donc de l’occasion pour participer à la transformation des petites antennes de drive en les rendant autonomes. L’idée est aussi de permettre l’ouverture de nouveaux drives en maillant le territoire. « C’est un concept qui va marcher en centre-ville mais je crois aussi beaucoup au modèle en campagne, l’idée étant d’aller s’installer à la croisée de plusieurs villages à trente minutes aller-retour d’un hypermarché. »

Le principe de cette solution de click & collect, baptisée dropper, est de stocker des produits secs frais et surgelés, en un minimum d’espace, sur 5 à 24 m2. « Nous sommes sur 90 commandes drive en tri-température sur 22 m2. » Au moment du retrait, un système robotisé va chercher les commandes positionnées dans des casiers qui optimisent l’espace de stockage. À l’intérieur, il y a de la mécanique pour les casiers, de l’électronique en façade et une grosse partie logicielle. Plusieurs brevets ont été déposés pour ce système.

Passage à l’industrialisation

Six machines ont, à ce stade, été installées. Douze nouvelles installations sont annoncées cette année, soit une par mois, puis 30 en 2026, 60 l’année suivante et 120 dans quatre ans. Dans cette perspective, un déménagement est prévu en février 2026. « L’enjeu de cette année est de venir documenter et processer chaque assemblage pour pouvoir accélérer en 2026. Nous sommes en passage industriel », annonce Thibault Soulier accompagné sur ce volet par l’accélérateur Néo de Bpifrance.

Thibault Soulier, Ouidrop

Le « dropper » permet de stocker des produits secs frais et surgelés, en un minimum d’espace, sur 5 à 24 m2. © Ouidrop

L’entreprise qui a levé 650 000 euros en 2019, 2 millions en 2023 et 1 million en 2024 ne prévoit toutefois pas de nouveau tour de table, « sauf si le marché répondait plus fort, pour aller plus vite. »

Bientôt à Saint-Jean-de-Luz

Bilan, en 7 ans, « nous n’avons pas pivoté. Nous avons réadapté notre produit sur un autre marché. Et l’ambition reste inchangée, à savoir simplifier la logistique du dernier kilomètre grâce à la robotisation. » Quant à Thibault Soulier, il reconnaît se régaler depuis le début de cette aventure entrepreneuriale. « Les problèmes se transforment au fur et à mesure mais le challenge m’anime », confie-t-il.

Ouidrop qui emploie désormais vingt personnes vise entre 2,5 et 3 millions de chiffre d’affaires cette année puis 8 à 9 millions l’année suivante. Une première machine sera installée en Nouvelle-Aquitaine cette année, dans le centre-ville de Saint-Jean-de-Luz.

Simplifier la logistique du dernier kilomètre grâce à la robotisation

Ouidrop en bref

Date de création : juillet 2017

Dirigeants : Thibault Soulier (32 ans), Paul Ponsar (directeur général) et Marc Mongis (directeur technique)

Promesse : Ouidrop propose des points relais et drive alimentaires robotisés pour simplifier la logistique du dernier kilomètre

Accompagnement : Unitec, UpGrade puis l’accélérateur Néo Startups industrielles de Bpifrance