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Les caves coopératives défient la crise

GIRONDE - Parmi les 33 caves coopératives girondines, les trois plus importantes ont bâti des stratégies bien différentes pour tirer leur épingle du jeu. Rencontre avec les représentants des caves de Tutiac, Rauzan et Bordeaux Families.

Stéphane Héraud, cave de Tutiac

Stéphane Héraud, président de la cave de Tutiac © Louis Piquemil - Echos Judiciaires Girondins

Dans un contexte viticole complexe, marqué par la baisse de la consommation et l’arrachage de vignes, les caves coopératives sont un recours pour les vignerons. Basées sur la mutualisation, les caves coopératives mettent en commun pour les viticulteurs adhérents les investissements, les moyens de production et de commercialisation. Avec une force de frappe amplifiée, elles permettent de conserver une assise économique tant sur le marché français qu’à l’export. Si Tutiac mise sur le blanc et le rosé, Rauzan privilégie, elle, les rouges AOC de qualité alors que Bordeaux Families développe sa gamme sans alcool.

Leader en nord Gironde

La cave de Tutiac fête, cette année, ses 50 ans. Après plusieurs fusions en 2005, 2009, 2019, 2023 et la création d’un site à Sauternes en 2020, elle est devenue la plus importante cave (en nombre d’adhérents et en surface) de Gironde qui compte 33 coopératives sur son territoire. « On voulait être leader dans notre territoire du nord Gironde. Aujourd’hui, on représente environ 25 % de la production à Blaye et Bourg, et on est leaders sur les rosés avec 25 % sur tout le bordelais », annonce Stéphane Héraud, président de la cave de Tutiac depuis 2005.

Déjà vice-président, sa prise de fonction a coïncidé avec la première fusion : « On a grossi d’un tiers. Je me suis alors concentré sur l’amélioration des outils de production, la qualité des produits et l’outil commercial. »

On est aussi passé de 100 000 hectolitres en 2005 à 300 000 cette année !

C’est ainsi que Tutiac qui vendait l’essentiel de sa production en vrac – « on a besoin d’un négoce fort de Place de Bordeaux », précise-t-il – a augmenté sa commercialisation en bouteille. Aujourd’hui, l’équilibre est de 60 % en vrac et 40 % en bouteille. « D’autant plus qu’on est aussi passé de 100 000 hectolitres en 2005 à 300 000 cette année ! Aujourd’hui, on est sur la consolidation de nos produits. »

Les vignerons de Tutiac © DR

Les vignerons de Tutiac © DR

Attirer des adhérents

La cave de Rauzan a, elle aussi, connu 2 fusions : « Ça s’est fait parce que c’était judicieux à ce moment-là mais on n’a pas de stratégie d’absorption, remarque, quant à lui, Philippe Hébrard, directeur de la cave coopérative de cette commune girondine depuis 2009. Ce n’est pas dans nos gênes. Nous misons plutôt sur notre attractivité auprès des vignerons. »

La coopérative a ainsi connu une croissance importante, s’adjoignant les forces de nouveaux adhérents, passant de 2 000 hectares en 2008 à 3 800 aujourd’hui. « Nous avons eu une grosse progression de surface. C’est très bénéfique pour l’entreprise », explique Philippe Hébrard. Grâce à ces surfaces supplémentaires, les charges fixes restant les mêmes, la cave gagne en volume et donc en productivité. « Quand on ab…