Elle fait partie des trois entreprises au monde à travailler sur la décarbonation du secteur nautique avec des voiles de kite. La particularité de Maloric, créée par Fabrice Jolivet en 2019 à Bordeaux, est de se concentrer sur la traction des bateaux de petite taille. « Nous commençons petit, pour mettre au point la technologie en réduisant les coûts et les risques, puis on augmente l’échelle au fur et à mesure, décrit Fabrice Jolivet. Ainsi, nous avons tout de suite un produit compact et du chiffre d’affaires », se félicite-t-il. Il s’est élevé à 50 000 euros en 2023.
Nous commençons petit, pour mettre au point la technologie en réduisant les coûts et les risques
Avec sa petite équipe de quatre personnes, il a créé et commercialisé le Breezrider, combinant une voile de kite de 16 à 28 m2 avec de l’électronique embarquée, un boîtier contenant les enrouleurs de lignes de 150 mètres et une télécommande. Un premier produit dont la capacité de traction de 2 tonnes est adaptée aux navires de plaisance et petits bateaux de pêche, qui fonctionne en pilotage manuel ou automatique. « Nous divisons la taille de la voile par deux par rapport à nos concurrents, avec la même force de traction, grâce au mouvement dynamique formant des huit qui augmente la puissance », explique le dirigeant.
Pour concevoir ce produit concurrentiel, performant et compact, vendu entre 20 000 et 25 000 euros TTC avec une marge brute de 50 %, il s’est appuyé sur une entreprise de parapentes grenobloise, avec qui il a designé une voile renforcée ; s’est concentré sur l’industrialisation du produit avec un ingénieur de Renault ; et a développé tout l’électronique en interne. « Nous sommes également en train d’automatiser le mode de lancement de la voile », ajoute Fabrice Jolivet, qui a installé son démonstrateur à La Rochelle, « là où les conditions de vent et de test sont favorables », note-t-il.
Approche pragmatique
Cet ancien ingénieur aéronautique, qui a travaillé durant 5 ans chez Bombardier au Canada, sur les commandes de vol, les essais en vol, la résolution de problèmes et le suivi des fournisseurs à risques, s’est « rendu compte que l’on pouvait appliquer les technologies de l’aéronautique au nautisme » lorsqu’il s’est mis au kitesurf, à son arrivée à Bordeaux, en 2019.
Grâce à son « approche pragmatique », il est déjà en train de développer un second produit, le Breezhauler, dont la voile de kite de 50 m2 sera capable de tracter 7 à 8 tonnes. « Nous avons noué deux partenariats stratégiques. L’un avec la société Temel Holding, pour équiper un yacht de 50 mètres. Le potentiel est important, cette société possédant une flotte de 300 navires de transport commercial », explique-t-il. L’autre avec la société de plateformes off-shore Jifmar, pour équiper ses navires de support opérationnel.
Également membre d’un consortium avec les Bordelais d’Armen Initiative, concepteurs de bateaux recyclables, Maloric espère « pouvoir disposer d’une coque dédiée qui améliorera encore la traction, en permettant de positionner la voile au centre du bateau », décrit Fabrice Jolivet. Si Maloric propose des solutions de rétrofit, « qui demandent plus d’effort du point de vue commercial et technique », son objectif est en effet « de rentrer au catalogue de constructeurs de bateaux, afin de pouvoir proposer nos solutions également en amont sur des bateaux neufs », précise-t-il.
Contexte très favorable
L’entreprise, qui a déjà vendu et installé le Breezrider sur un navire à foil de la société allemande CargoKite en 2023, est en train d’intégrer son système à un bateau pêcheur-ligneur de Saint-Jean-de-Luz. Elle espère vendre en 2024 quatre systèmes et atteindre un chiffre d’affaires de 120 000 euros. À l’image du développement des produits, « notre courbe de progression en termes de ventes est sécuritaire », analyse Fabrice Jolivet. « Ce sont des produits qui prennent du temps à vendre, mais nous sommes portés par un contexte très favorable, avec des subventions dédiées à la décarbonation du secteur nautique, dont les incitations à l’innovation de France Mer 2030, et les réglementations qui arrivent », assure-t-il.
D’ici 2026, Maloric prévoit de développer le Stormrider, une voile de 100 m2 dédiée aux gros navires, et d’ici 2028, le Stormhauler, une voile de 200 m2 pour tracter les porte-conteneurs, visant cette année-là un chiffre d’affaires de 4,3 millions d’euros. Pour le moment, l’entreprise a lancé une collecte de fonds sur la plateforme WiSeed, où elle espère réunir entre 200 000 et 300 000 euros minimum, avec un plafond à 500 000 euros, d’ici le mois de septembre. « Cette levée de fonds doit nous permettre de livrer nos clients, industrialiser notre processus de production et embaucher un commercial. J’espère ensuite faire grossir l’équipe technique. Nous souhaitons notamment connecter nos produits aux systèmes de routage des bateaux, afin de leur faire emprunter les routes sur lesquelles il y a le plus de vent, et ainsi optimiser la capacité de traction de nos voiles. Et intégrer de l’IA dans le système de pilotage, pour décupler nos performances », prévoit-il.