Ils ont décidé de tirer la sonnette d’alarme. Essentiellement girondins, neuf acteurs* de l’emballage bois des vins et spiritueux qui représentent 90% de la filière se sont réunis au sein de l’association Alliance France Caisse Bois (AFCB) qu’ils ont créée en début d’année. « Nous sommes des TPE et PME, d’où la volonté de nous unir pour peser davantage », explique Myriam Donné, secrétaire de l’AFCB et présidente de la Caisserie Legendre et Lureau près de Libourne.
Car s’ils produisent, à eux neuf, 10 millions de caisses par an, comptent 300 collaborateurs et réalisent 45 millions de chiffre d’affaires, « le chiffre d’affaires est en baisse de 20% sur deux ans » explique Pauline Nardou, membre de l’AFCB et directrice adjointe de Abzac Caisserie, également près de Libourne. « Nous ne représentions que 1% du marché, c’est-à-dire une niche. Mais le carton est venu sur le marché des caisses bois. »
La faute au prix ? « Cela peut faire la différence, mais le sujet de la perte de marché n’est pas là. C’est surtout sur le volet environnemental que nous sommes attaqués. La caisse bois est injustement perçue comme moins vertueuse que les boîtes en carton », explique Myriam Donné.
La question environnementale
L’association s’emploie donc à démêler le vrai du faux en s’adressant aussi bien au monde du vin qu’au consommateur final. « Notre filière travaille le bois sans aucune transformation, sans ajout d’adjuvant ni d’eau », avance ainsi Myriam Donné. « En matière de fin de cycle de vie, beaucoup de caisses sont réemployées par les particuliers. Pour le reste, le bois est broyé et part vers l’industrie calorifique pour en faire du bois de chauffe. On nous oppose parfois que nos caisses ne sont ni recyclables ni recyclés, mais le recyclage qui consiste à rallumer la machine et à produire de nouveau n’est pas la solution à tout ! »
Problème, dans les questionnaires RSE que les domaines leur envoient, « le grand mot, c’est recyclé et nous ne rentrons pas dans cette case. Les méthodologies européennes prennent également en compte la captation du carbone mais pas la France. Or la vraie valeur ajoutée du pin dans des forêts gérées durablement, c’est la captation de CO2. »
La conservation du vin
Alliance France Caisse Bois met aussi en avant les atouts de la caisse bois en termes de protection et de conservation des bouteilles en s’appuyant sur des tests comparatifs de compression effectués par l’Institut Technologique FCBA. « La caisse bois cède sous 14 tonnes de pression tandis que dès 2 tonnes, les emballages cartons se déforment, et explosent à partir de 5 tonnes », fait ainsi valoir l’association.
D’autres travaux sont annoncés par l’AFCB, notamment une analyse de cycle de vie comparative entre la caisse bois et l’emballage carton destinés aux vins et spiritueux. Le rendu sera public dans un délai de douze mois. Les résultats de tests de perméabilité à la vapeur sont également publiés d’ici cet été.
« Dans l’immédiat, il y avait une réponse à amener à une perte de part de marché mais nous sommes très ouverts à d’autres travaux, en matière de recherche, d’innovation par exemple. Tous les sujets pourront être abordés », assure Myriam Donné.
* Abzac Caisserie, Caisserie du Bazadais, Caisserie Bergey, Caisserie Bordelaise, Caisserie des Grands Vignobles, Caisserie Legendre et Lureau, Caisserie Marie-Louise, Caisserie Pierre Goujon, CECD.