La formation des sols volcaniques est un processus complexe qui débute par une éruption volcanique. Lorsqu’un volcan entre en éruption, il libère une variété de matériaux, dont la lave, les cendres et le gaz. Ces matériaux se déposent sur le sol environnant et s’accumulent avec le temps, formant ainsi des sols volcaniques.
La lave, un magma qui a atteint la surface de la terre, refroidit et durcit pour former de la roche volcanique, délivrant notamment une très forte teneur en basalte.
Les sols volcaniques sont connus pour leur richesse minérale unique. Cette richesse provient de la lave refroidie qui, au fil du temps, se décompose en minéraux et nutriments essentiels. Les sols volcaniques contiennent généralement une grande variété de minéraux, notamment du fer, du magnésium, du calcium, du potassium et du phosphore. Ces minéraux peuvent avoir un impact significatif sur le profil gustatif des vins, produits à partir de raisins cultivés dans ces sols.
La richesse minérale
L’un des principaux minéraux présents dans les sols volcaniques, le fer, joue un rôle essentiel dans la production de vins, avec des nuances gustatives distinctes. Le fer peut aider à produire des vins avec une acidité rafraîchissante et une structure tannique bien définie. De plus, il peut également contribuer à la couleur profonde de certains vins rouges.
Le magnésium, un autre minéral abondant dans les sols volcaniques, peut également influencer le goût du vin. Il contribue à la photosynthèse, ce qui peut avoir un impact sur la maturité des raisins et, par conséquent, sur le goût du vin. Les vins produits à partir de vignobles cultivés sur des sols riches en magnésium ont souvent une saveur fruitée plus intense.
Les sols volcaniques sont également riches en phosphore. Ce minéral est essentiel pour le développement des raisins car il contribue à la croissance des racines et à la maturation des fruits. Les vins produits à partir de raisins cultivés dans des sols riches en phosphore ont souvent une complexité aromatique supérieure.
Enfin, le calcium et le potassium contenus dans les sols volcaniques peuvent contribuer à l’équilibre du vin. Le calcium peut aider à neutraliser certaines des acidités du vin, tandis que le potassium peut aider à équilibrer le sucre. Cela peut conduire à des vins bien équilibrés avec une finition lisse et soyeuse.
Une question d’eau
Les sols volcaniques sont souvent très drainants, ce qui signifie qu’ils permettent à l’eau de s’écouler facilement à travers le sol plutôt que de stagner à la surface. Cela peut aider à prévenir les maladies de la vigne causées par l’excès d’eau, comme le mildiou.
En parallèle ils ont une capacité unique à retenir l’eau, ce qui permet aux vignes de survivre dans des climats plus secs. Ce faisant, ils aident à concentrer les saveurs dans les baies de raisin, ce qui se traduit par des vins parfois plus puissants.
Au-delà, la nature poreuse des sols volcaniques permet une bonne aération des racines, ce qui est essentiel pour la santé de la vigne. Les vignes en bonne santé sont plus à même de produire des raisins de haute qualité, qui à leur tour produiront potentiellement de meilleurs vins.
La nature poreuse des sols volcaniques permet une bonne aération des racines, essentielle pour la santé de la vigne
Acidité et fraîcheur en bouche
Il est également à noter que les sols volcaniques sont généralement plus acides que les autres types de sols. Cela est dû au fait que les cendres volcaniques contiennent souvent de grandes quantités de composés soufrés, qui peuvent acidifier le sol lorsqu’ils se décomposent. De fait les vins ont souvent une acidité élevée, une des composantes de la fraîcheur en bouche.
Les sols volcaniques ont également une teneur élevée en basalte, une roche sombre formée par le refroidissement rapide de la lave. Le basalte a une forte capacité à retenir la chaleur, ce qui peut aider à la maturation des raisins, surtout dans les régions plus froides. Cette caractéristique peut influencer la teneur en sucre des raisins, et par conséquent le niveau d’alcool du vin, ajoutant une autre couche de complexité à son profil gustatif.
En première conclusion, on argumentera que les sols volcaniques ont un impact considérable sur la culture de la vigne et sur le profil gustatif des vins. Ils fournissent à la vigne un apport constant en minéraux et en eau, tout en aidant à prévenir les maladies de la vigne et en favorisant une croissance vigoureuse. Leur richesse minérale unique contribue à créer des vins avec un profil gustatif distinct, au caractère minéral marqué, et aux notes fruitées et épicées. Que ce soit par l’ajout d’une acidité rafraîchissante, l’intensification de la saveur fruitée, l’augmentation de la complexité aromatique ou la création d’un équilibre harmonieux entre l’acidité et le sucre, le vin délivrera un goût riche, complexe et distinctif*.
Avant de vous conter les résultats de ces matchs, petit rappel sur les différents types de roches sur lesquels la vigne croît.
Les sols traditionnellement les plus plantés en vigne sont issus de roches sédimentaires. On y trouve notamment les calcaires, les argiles, les sables et les limons.
Les sols d’origine métamorphique et magmatique (volcanique ou plutonique) vont en France souvent se retrouver au sein des mêmes vignobles : ceux d’Auvergne, d’Anjou, du Muscadet, du Beaujolais, de Corse et d’Alsace.
Le match des chardonnays
Le premier match opposait deux chardonnays d’esprit bourguignon puisqu’ils proviennent de la même Maison, à savoir Joseph Drouhin.
Nous dégustons tout d’abord le Saint-Romain 2021 issu de sol calcaire (sédimentaire). Le chardonnay a ici un profil de fleurs blanches, de fruits mûrs, évoluant sur un côté légèrement miellé et épicé. L’acidité équilibre parfaitement le cœur de bouche.
En face se présente le Roserock Eola Amity Hills, issu des sols volcaniques de la Willamette Valley en Oregon. Le chardonnay offre ici à la fois une acidité plus appuyée mais avec une texture de bouche plus ample et grasse. La présence minérale attendue est peu présente, à moins qu’elle ne soit gommée par l’élevage en fûts, plus marqué sur cette cuvée. Il perd le match.
Les rieslings
Le deuxième match oppose le Riesling Grand cru Altenberg de Bergheim 2019 de Gustav Lorentz, sur un substrat marno-calcaro-gréseux (sédimentaire), au Riesling Grand cru Rangen 2019 au sol volcanique du domaine Julien Schaal.
Le premier vin offre une grande richesse en cœur de bouche, avec des saveurs de fruits blancs et de cardamome. La fraîcheur s’exprime plus sur la finale.
Le riesling sur sol volcanique offre un équilibre plus sur la finesse, avec une vivacité plus intense dès l’attaque. L’agrume domine avec une profondeur lactée, sublimée par une minéralité intense. Il est désigné vainqueur.
Le riesling sur sol volcanique offre un équilibre plus sur la finesse, avec une vivacité plus intense dès l’attaque
Les gamays
Le dernier match aligne tout d’abord le gamay « Bois Jacou » 2022 du domaine Jean-François Mériau. Le domaine situé en Touraine (sol argilo-calcaire donc sédimentaire) offre un gamay classique du secteur, tout en friandise sur des notes intenses de fruits rouges. Il tient sa promesse de buvabilité et de fruité.
En face le Gamay 348 nous vient de la Maison Desprat Saint-Verny, spécialisée dans les vins à caractère volcanique, en appellation Coteaux d’Auvergne. Dès le premier nez, ce gamay annonce une belle concentration. Il livre un joli panier de fruits rouges légèrement confits, avec une pointe poivrée. Il semble, pour un gamay, particulièrement coloré et structuré, avec des tannins néanmoins soyeux et une nette expression minérale sur la finale. Vous l’aurez compris, victoire acquise !
Que pouvons-nous retenir de ces confrontations ? Tout d’abord que l’acidité des vins volcaniques semble se fondre dans une concentration plus marquée. Les vins sur sols sédimentaires offrent donc, de prime abord, des acidités plus équilibrantes. La fraîcheur des vins volcaniques va plutôt se retrouver dans une minéralité plus jaillissante (sauf dans le cas du chardonnay d’Oregon). Les « touchers de bouche » sont particulièrement intéressants, cependant pas toujours dans la concentration, dans nos exemples. Les notes épicées auront été présentes à chaque fois.
Cette confrontation fut passionnante, selon les dégustateurs présents à cet atelier qu’il me plaisait d’animer. Le nombre d’exemples est cependant beaucoup trop restreint pour en tirer des conclusions ayant valeurs scientifiques. La dégustation n’aura pas toujours corroboré la théorie du début d’article. En clair, je dirai volontiers que toutes les natures de sols sont intéressantes. Elles ont juste besoin d’être magnifiées par le bon vigneron !