Couverture du journal du 01/05/2025 Le nouveau magazine

Umanimation : après la chute, un rebond pour le transmédia ?

Alors que son jeu Dordogne avait été salué par la critique mondiale, l’absence de financement privé a provoqué la chute du studio bordelais Umanimation. Son président, Aymeric Castaing, grand défenseur du transmedia va continuer à promouvoir ce modèle qui, dit-il, fonctionne.

Umanimation, jeu Dordogne

Le jeu Dordogne a reçu le prix de l'excellence visuelle lors de la cérémonie des Pégases 2024. Sur scène Cédric Babouche et Aymeric Castaing. © SNJV / Webedia

« Pas de revenu rapporté par notre jeu. Pas de contrat pour le prochain. Pas d’investisseurs. Fin du jeu. » C’est par ces mots qu’Aymeric Castaing a annoncé la fin du studio bordelais Umanimation, créé en 2017, qui a fait travailler une trentaine de personnes. Le jeu vidéo Dordogne, peint à l’aquarelle par Cédric Babouche, était son plus gros projet. Mondialement salué par la critique, il avait été couronné du prix de l’excellence visuelle lors de la cérémonie des Pégases, les « Césars des jeux vidéos », en mars 2024.

Le tarissement des financements privés

Cela n’aura toutefois pas suffi à faire vivre l’entreprise qui avait pourtant sécurisé le financement de la production. Les revenus n’ont pas suivi. Parallèlement, « les financements ont commencé à se fermer entre début 2023 et mi-2023. Nous avons sorti Dordogne en juin 2023 avec l’idée de signer le prochain jeu et de lever des fonds », explique Aymeric Castaing, dont le studio avait été placé en redressement judiciaire.

« L’idée était de mettre la société sous protection du tribunal. Nous avions six mois pour signer jusqu’à la fin de la période d’observation. Le scénario était plausible mais nous n’avons rien signé, ni auprès d’éditeurs, ni auprès d’investisseurs. Le financement privé est un vrai soucis », insiste Aymeric Castaing, amer vis-à-vis du marché et de sa temporalité. « De l’avis des éditeurs, notre jeu allait moins performer qu’un genre plus classique. Il faut éduquer les investisseurs sur la capacité d’évolution des entreprises de jeu video, parce que l’industrie fonctionne », assure-t-il.

Il faut éduquer les investisseurs sur la capacité d’évolution des entreprises de jeu video

L’éclosion du transmedia

Pas question non plus de remettre en question le modèle transmedia qu’il défend et qui, pour lui, fonctionne. Le principe étant de réutiliser les éléments d’un jeu vidéo pour en faire une série ou un film d’animation. « Entre temps, il y a eu de gros succès. » Et de citer la série animée Arcane diffusée sur Netflix qui se déroule dans l’univers du jeu vidéo League of Legends. « La série a ramené beaucoup de joueurs vers le jeu qui n’y seraient pas allés spontanément », déclare Aymeric Castaing. « Tout le monde court après la propriété intellectuelle. Or pour moi, c’est une façon d’exploiter sa propriété intellectuelle et de la faire fructifier », ajoute-t-il.

Alors qu’il a acquis une méthode en matière de transmedia, après la fermeture d’Umanimation, il a désormais décidé de mettre son savoir-faire au service des autres. Il vient de créer une société de consulting, AYC Consulting, pour aider les entreprises de jeu vidéo à faire de l’animation et, inversement, les studios d’animation à se développer dans les jeux. Dans le cadre de cette activité, il va également conseiller des fonds d’investissements « pour les aider à investir dans les bonnes boîtes. Je vais faire ce que j’aurais aimé que l’on fasse pour moi. »

Un secteur en mouvement

D’où sa présence à la Game Developers Conférence (GDC), l’un des trois plus gros événements mondiaux du jeu vidéo qui s’est tenu à San Francisco en mars dernier. Il en revient avec de « bons » contacts. « C’était aussi l’occasion de mettre un coup de projecteur sur Bordeaux. » Car il est aussi le président du CoBo, un collectif bordelais né de la volonté d’acteurs des industries créatives et culturelles de la métropole de se regrouper.

« C’était aussi l’occasion de mettre un coup de projecteur sur Bordeaux »

Après la chute, il repart donc, confiant dans le fait que le marché du jeu vidéo est en train de changer « avec une créativité des indépendants qui se structurent. » De son côté, Cédric Babouche, annonce travailler sur un nouveau projet qui comme Dordogne combinera technologies et aquarelle.