À partir de 1900, Raoul Dufy (1877-1953) suit les cours de l’École des Beaux-Arts à Paris dans l’atelier de Léon Bonnat. Fasciné par la toile de Matisse, Luxe, calme et volupté (1904), il se lie d’abord au groupe des fauves en 1905. L’année suivante, son ami Albert Marquet le rejoint en Normandie où ils peignent sur le motif. Entre 1907 et 1908, Raoul Dufy séjourne à L’Estaque et est alors influencé par le cubisme. C’est entre 1922 et 1925 que Dufy trouve ses moyens personnels d’expression, un dessin preste, désinvolte, une couleur légère et pétillante, une composition d’une impertinente liberté.
Les thèmes de l’atelier et du nu dans l’atelier ont été fréquemment traités par Dufy, à l’image de ce Nu dans l’atelier de 1944. Ils sont à l’origine d’une série de variations qui l’occupèrent toute sa vie.
Il existe ainsi plusieurs versions de ce nu féminin campé dans le même cadre où l’on retrouve ces mêmes motifs décoratifs (tapis…). L’originalité de cette œuvre réside toutefois dans le choix d’un cadrage audacieux coupant la partie supérieure du visage. Ce cadrage confère à la scène un certain mystère et une grande présence au corps même du modèle. L’usage d’un graphisme fait de hachures apparentes davantage cette œuvre au traitement du dessin qu’à celui de la peinture. Les couleurs claires, l’élégance du trait sobre, cursif, le sens décoratif donné au fond de la toile témoignent de la maîtrise d’un artiste, alors dans la pleine maturité de son art.
Cette œuvre est à découvrir dans l’aile Bonheur du musée des Beaux-Arts, en correspondance avec l’une des stripteaseuses aux formes callipyges de l’artiste plasticienne et photographe Valérie Belin (série Bob, 2012) dans le cadre de l’exposition Les Visions silencieuses, présentée jusqu’au 28 octobre à la Galerie et au musée des Beaux-Arts.