C’est avec une culture d’artisan « qui maîtrise le geste » que le groupe ANDQO, spécialisé dans la maintenance, l’amélioration et la fabrication de l’outil industriel de production, s’est développé durant 30 ans. Créée en 1993 à Blanquefort, pour répondre aux besoins de l’usine de fabrication de boîte de vitesses automatiques de Ford, l’entreprise de maintenance AQMO a donné naissance en 2022 au groupe intégré ANDQO, entreprise de taille intermédiaire (ETI) de 250 salariés qui a réalisé un chiffre d’affaires consolidé de 33 millions d’euros en 2023, en progression de 10 % sur un an. « Nous sommes programmés pour croître », affirme Éric Sainclair, son président, qui a fait toute sa carrière dans l’entreprise.
C’est lors de la reprise d’AQMO en 2011 par un petit groupe de salariés, qu’il en prend la présidence et la majorité. « L’indépendance du groupe et l’actionnariat salarié sont dans notre ADN », affirme cet ingénieur des Arts et Métiers qui a fait ses études à Bordeaux. Aujourd’hui, une vingtaine de salariés clés sont actionnaires de la holding et de ses différentes filiales. « C’est notre histoire, et nous y sommes particulièrement attachés », insiste-t-il. Et c’est collectivement qu’ils ont axé leur stratégie sur le développement et la diversification des activités du groupe, qui compte 4 pôles d’activités complémentaires.
L’indépendance du groupe et l’actionnariat salarié sont dans notre ADN
Maintenance et amélioration
Le pôle historique, AQMO, basé à Blanquefort, avec des antennes à Pau et Toulouse, est spécialisé dans la maintenance et l’amélioration de l’outil industriel de production : les machines d’usine. « Nous sommes pluridisciplinaires : nous dépannons, améliorons, modifions, automatisons, mettons aux normes et modernisons les machines de production, quels que soient leur marque et les besoins métiers, grâce aux connaissances de nos opérateurs et techniciens, spécialisés en mécanique, électricité, robotique, instrumentation, automatisme… », détaille Éric Sainclair. Opérant en proximité, à 150 km autour de ses trois agences, l’activité d’AQMO est portée par les grands donneurs d’ordre locaux. Après avoir débuté dans le secteur automobile à Blanquefort, la filiale intervient ainsi dans l’aérospatial-défense et la métallurgie à Bordeaux, l’aéronautique à Toulouse (via la filiale AQMO-ISSA, née du rachat de l’entreprise toulousaine ISSA en 2017), ou encore l’agroalimentaire et la chimie à Pau.
« Nous travaillons aussi bien sur des machines d’usinage, de traitement thermique et de presse de tôle, que sur des pétrins, des broyeurs et des machines de palettisation. Nous n’avons pas de limites a priori. L’important étant la connaissance des processus clients », assure Éric Sainclair. À Pau par exemple, AQMO entretient les machines de Safran Helicopter Engines, tout comme celles de Lindt Chocolats. « Il s’agit de la même technologie, pour des besoins complètement différents », note-t-il.
Fabrication de machines
Le second pôle du groupe, issu de sa première opération de croissance externe réalisée en 2016 avec le rachat de l’entreprise basque SEMSO, aujourd’hui installée dans les Landes, est spécialisé dans la fabrication de machines. « Nous partons du cahier des charges d’un client, pour qui nous fabriquons une machine industrielle sur mesure de A à Z. Les compétences métier de base sont les mêmes que pour AQMO, mais nous avons acquis avec SEMSO de l’expérience dans l’intégration de robots industriels dans des environnements complexes avec des règles d’hygiène et des réglementations particulières, pour l’agroalimentaire et la pharmacie, notamment », précise Éric Sainclair. La spécialité de SEMSO est ainsi la fabrication de machines de production de produits laitiers et charcutiers, qui manipulent des produits collants à très grande vitesse, pour des marques telles que Soignon et ses bûches de chèvre ou Justin Bridou et ses saucissons. « Nous avons aussi créé des robots sur mesure de soudure à ultrason pour le fabricant de chaises de bureaux Sokoa (Hendaye), d’emboxage de flacons de produits pharmaceutiques pour Ceva Santé Animale (Libourne), ou encore de déconstruction de chaussures pour le centre technique des industries de l’habillement CETIA d’Hendaye », énumère Éric Sainclair.
Ce rachat marque un changement important pour le groupe ANDQO, « qui part de l’intervention sur des machines en proximité, à la fabrication de machines qui se vendent partout », remarque-t-il. En 2022, le groupe rachète également l’entreprise SEREM SOCOREM, basée à Tours, spécialisée dans la fabrication de machines d’emballage de fromages à pâtes molles, qui intègre son pôle Machines. « Cette fois, nous développons une gamme de machines sur un marché de niche très ciblé », décrit Éric Sainclair. Le pôle Machines pèse aujourd’hui 30 % de l’activité du groupe.
Maintenance prédictive
Parallèlement, une troisième activité se développe au sein d’AQMO, qui a spécialisé ses techniciens sur l’analyse vibratoire des machines industrielles. Elle donne naissance à la troisième filiale du groupe ANQDO, Tech View, qui propose un service de maintenance prédictive et représente environ 5 % du chiffre d’affaires du groupe. « Nous avons séparé cette activité car elle a son propre modèle économique, avec d’un côté une prestation off line consistant à collecter les données à distance et à envoyer un rapport. Et de l’autre un abonnement à un logiciel qui surveille la machine à distance grâce à des objets connectés que nous développons », explique Éric Sainclair. Tech View installe ainsi ses objets connectés qui collectent les données brutes. La valeur ajoutée de l’entreprise reposant sur sa capacité à tirer des informations métier dans le domaine de l’analyse vibratoire, à proposer une solution et le cas échéant une intervention possible d’AQMO.
Formations internes et externes
Si l’analyse vibratoire est l’une des spécialités des techniciens de maintenance d’AQMO, ils ont également développé des compétences fortes autour des environnements explosifs Atex (vapeurs et poussières explosives), qui entraînent des règles de conception et d’exploitation spécifiques des machines. Et autour de la fabrication et la maintenance du matériel de levage (ponts roulants, potences…). Deux spécialités qui ont donné naissance au 4e pôle d’activité du groupe ANDQO, l’organisme de formation et de conseils PRAQTIS. « Il s’agissait au départ d’un organisme de formation interne sur les réglementations clés, que nous avons ouvert à la formation externe. L’idée est de créer des formations sur les besoins particuliers que nous avons et d’autres sur les compétences fortes qui existent en interne », indique Éric Sainclair. PRAQTIS, qui pèse 5 % de l’activité du groupe, propose notamment des formations certifiantes pour l’utilisation du matériel de levage, le CACES ponts.
« L’ensemble de nos activités s’appuie sur les mêmes profils de techniciens et les mêmes process. Mais elles ont des cycles différents : certaines reposent sur des métiers d’investissements, comme les achats de machines, qui sont facilement reportés en cas de crise. Tandis que l’activité d’AQMO est un métier d’exploitation. Notre stratégie de diversification vise donc à maintenir l’activité, en créant des contre-cycles », expose le président du groupe ANDQO.
Notre stratégie de diversification vise donc à maintenir l’activité, en créant des contre-cycles
Réindustrialisation
Solide sur ses 4 piliers, qui n’ont cependant « pas vocation à s’équilibrer », précise Éric Sainclair, le groupe ANDQO va désormais s’atteler à finaliser le redressement et l’appropriation des métiers de SEREM SOCOREM. Mais aussi à développer Tech View, « dont la démarche commerciale est différente, puisque cette activité engendre une mutation de notre métier de prestataire de proximité en prestataire de services. Enfin, nous continuons aussi d’explorer de nouvelles pistes de croissance externe », révèle le président d’ANDQO.
Connaissant une croissance organique toujours soutenue, le groupe pourrait également bénéficier de la politique de réindustrialisation portée par le gouvernement. « Ce contexte est certainement bon pour nous sur le papier, pour demain. Mais nous n’en profitons pas encore », tempère Éric Sainclair. « D’autre part, nous sommes actuellement limités dans notre développement par la difficulté à recruter », admet-il.
Le casse-tête du recrutement
Ce sera le plus gros challenge à relever par le groupe ANDQO dans les années à venir. « Nos forces vives sont des techniciens, qui sont encore plus difficiles à trouver que des ingénieurs. C’est un métier qui nécessite un important bagage et une appétence pour la technique, mais aussi une certaine aptitude pour être prestataire chez les clients. » Afin d’attirer les talents, l’entreprise communique sur ce qui fait sa particularité : « son indépendance, sa solidité financière, la diversité des sujets sur lesquels nous travaillons, ou encore notre management de proximité qui favorise l’autonomie et l’indépendance des salariés ».
Le groupe héberge également dans ses locaux un cabinet de recrutement externe spécialisé. « Recruter est une activité à plein temps pour nous. C’est notre sujet de préoccupation permanent. Notre croissance pourrait être beaucoup plus importante si nous avions plus de techniciens. Néanmoins, nous restons très exigeants sur nos recrutements, car ce qui coûte le plus cher, c’est de se tromper », rappelle Éric Sainclair.
Recruter est une activité à plein temps pour nous. C’est notre sujet de préoccupation permanent
Engagé dans l’écosystème régional
Dans la droite ligne du fondateur d’AQMO, Bertrand Save, Éric Sainclair s’est engagé, dès son arrivée à la présidence d’AQMO, dans l’écosystème local. Vice-président Robotique et Usine du futur du Club des ETI de Nouvelle-Aquitaine, auquel il a fait adhérer AQMO dès 2014 au titre de « PME à potentiel », il préside également Propulse. Cette association composée d’industriels repose sur la plateforme d’accélération de l’usine du futur à destination des industriels créée par la Région Nouvelle-Aquitaine. « J’ai également coprésidé durant 4 ans le cluster Aquitaine Robotics avec Christophe Riboulet, que j’ai rencontré au Centre des jeunes dirigeants (CJD) », précise Éric Sainclair. « Cet engagement dans l’écosystème régional a du sens pour l’entreprise, cela me nourrit tout en créant des passerelles naturelles entre ces structures et entre industriels », analyse-t-il. Le groupe ANDQO est quant à lui passé par l’accélérateur PME de Bpifrance et de la Région Nouvelle-Aquitaine, leur accélérateur décarbonation, et est entré en 2023 dans la Convention des entreprises pour le climat (CEC) de Nouvelle-Aquitaine. « Cela nous permet de nous challenger, de viser le plus haut possible tout en ayant les idées claires », résume Éric Sainclair.
Le groupe ANDQO en 8 dates
1993 : Création d’AQMO par Bertrand Save à Blanquefort
2001 : Création de l’établissement AQMO Pau
2003 : Création de l’établissement AQMO Toulouse
2011 : Reprise d’AQMO par 6 salariés actionnaires, dont Éric Sainclair, qui prend la présidence
2016 : Première opération de croissance externe avec le rachat de SEMSO (Bayonne), spécialiste de la fabrication de machines sur mesure
2017 : Rachat de l’entreprise ISSA, qui fusionne avec AQMO Toulouse
2022 : Le groupe AQMO devient le groupe ANDQO
Rachat de l’entreprise tourangelle SEREM SOCOREM spécialisée dans la fabrication de machines d’emballage de fromage
2023 : Chiffre d’affaires de 33 millions d’euros consolidés (+10 % par rapport à 2022)
L’entreprise passe le cap de l’ETI avec 250 salariés, dont une vingtaine d’actionnaires