Échos Judiciaires Girondins : Vous succédez à Caroline Ricou-Bourdin à la présidence du tribunal de commerce de Bordeaux. Comment envisagez-vous votre mandat ?
Marc Salaün : « J’étais vice-président du tribunal pendant quatre ans, d’abord deux ans avec Jean-Marie Picot, puis deux ans avec Caroline Ricou-Bourdin. J’ai proposé ma candidature à la présidence, ce que je ne pouvais pas faire les autres années en raison de mon activité professionnelle. L’engagement au tribunal de commerce demande beaucoup d’investissement en temps. Je suis désormais prêt à m’y consacrer pour les deux années à venir. Alors que mes prédécesseurs étaient issus des chambres contentieuses, j’ai effectué la plus grosse partie de mes mandats en procédures collectives. Ça ne change pas grande chose à la fonction, mais il est vrai que j’ai un attachement particulier au traitement des difficultés des entreprises. Dans mon mandat de président, j’essaye de faire évoluer les choses avec une vision un peu différente. »
EJG : Comment fonctionne et se renouvelle le tribunal ?
M. S. : « En 2023, nous étions 58 sur une capacité de 60 juges. Pour devenir juge, il faut être chef d’entreprise ou dirigeant de société et candidater. Quand je vais rencontrer les chefs d’entreprise pour leur présenter les missions du tribunal, je parle toujours du besoin de recrutement. Il faut qu’ils soient prêts à donner de leur temps bénévolement. Il faut y trouver un intérêt par rapport à ses propres valeurs. Les nouveaux juges commencent par le contentieux : il faut être cohérent, motiver ses décisions et expliquer le jugement pour qu’il ait du sens. Il y a aussi la formation qui représente huit sessions d’une ou deux journées à l’ENM. Cette année, on a un renouvellement de quatre à cinq juges. Les jeunes juges sont élus pour deux ans, et ensuite on peut avoir quatre autres mandats de quatre ans. Ce qui fait maximum dix-huit ans de mandature. »
EJG : Comment fonctionnent les différentes chambres du tribunal ?
M. S. : « Il y a huit chambres : quatre chambres de contentieux, trois chambres de procédures collectives – dont la troisième ne fonctionnait qu’une semaine sur deux, je l’ai passée à un rythme hebdomadaire vu les besoins – et une chambre de prévention/conciliation. On fonctionne donc par chambre dans une ambiance sympathique. Les juges travaillent et se forment ensemble : c’est la majorité, si ce n’est l’unanimité, des juges qui valide un jugement. C’est important pour nous tous d’avoir un accord partagé en délibéré, ce qui n’est pas évident pour les chefs d’entreprise. Au tribunal, il faut de l’humilité pour être juge, c’est une valeur importante, au-delà de vouloir servir le monde économique. On aide les entreprises en difficulté, mais aussi les chefs d’entreprise et leurs salariés et no…