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Meditect, Sunna Design et Moon : 3 start-ups bordelaises en Afrique

Ils travaillent dans la santé, l’énergie solaire et l’électrification. C’est au détour d’un voyage sur le continent africain que ces jeunes startuppeurs bordelais ont eu l’idée et l’envie de se lancer dans l’entrepreneuriat au service des populations locales. Focus sur les solutions de Meditect, Sunna Design et Moon, déjà bien implantées en Afrique subsaharienne.

start-up bordeaux

© D.R.

1- MEDITECT SÉCURISE LA DISTRIBUTION DES MÉDICAMENTS

C’est dans le cadre de ses études de médecine à l’Université de Bordeaux, lors d’un stage en tant qu’assistant médical en Afrique, qu’Arnaud Pourredon a découvert le problème des médicaments de rue. « J’ai constaté que les gens n’allaient pas systématiquement en pharmacie, mais se tournaient vers des marchés de médicaments parterre, comme on les appelle », se souvient-il. Sauf que « 30 % des médicaments en circulation en Afrique sont contrefaits ». C’est pour cela qu’il a imaginé une solution de traçabilité permettant de vérifier, grâce à une application smartphone gratuite, l’authenticité des médicaments. Après avoir lancé sa start-up Meditect avec Romain Renard en 2018, et signé avec un premier laboratoire pharmaceutique en 2019 (UPSA, à Agen) – « la sécurisation des médicaments par la traçabilité de leur sérialisation étant assurée directement par les labos » –, la solution est déployée en Côte d’Ivoire dès 2020. « Et nous ouvrons actuellement nos activités au Sénégal et au Cameroun, où nous avons déjà recruté des pharmaciens d’officine », explique le jeune homme, qui a suspendu ses études de médecine et de pharmacie pour créer son entreprise. Elle sécurise aujourd’hui une dizaine de médicaments différents, principalement des antidouleurs et des antipaludiques, et se rémunère grâce aux contrats signés avec les laboratoires.

Notre responsabilité est aussi d’aider les jeunes entrepreneurs locaux à développer leurs compétences

« Très intéressé par l’idée d’adresser un marché sur lequel il n’existe aucune solution face à un problème immense », persuadé que l’accès aux médicaments de qualité est « un droit universel » et animé par « des valeurs éthiques », Arnaud Pourredon s’est installé en Côte d’Ivoire et va prochainement emménager au Sénégal, afin de constituer sa nouvelle équipe. « Notre responsabilité est aussi selon moi d’aider les jeunes entrepreneurs locaux à développer leurs compétences. C’est pourquoi nous les formons au développement d’applications, leur offrons une surrémunération, une assurance santé… Nous veillons à élever le standard dans la sous-région », assure-t-il. Prochaine étape pour Meditect, qui vise à terme au moins l’équipement de toute l’Afrique francophone, ce qui représente une vingtaine de pays : « digitaliser les pharmacies en Afrique subsaharienne, grâce au déploiement de notre logiciel de gestion officinal. C’est aujourd’hui notre relai de croissance », affirme Arnaud Pourredon, qui admet une activité « très compliquée », notamment en raison de la « corruption », ce qui n’a pas découragé le jeune homme jusqu’ici.

start-up

Arnaud Pourredon et Romain Renard de Meditect © D.R.

MEDITECT

Date de création :2017

Cofondateurs : Arnaud Pourredon et Romain Renard

Objet : traçabilité de s médicaments, digitalisation des officines

Implantation : Côte d’Ivoire. Bientôt Sénégal et Cameroun

Effectifs : 25 collaborateurs (12 en Côte d’Ivoire, 3 au Sénégal, 1 au Cameroun)

CA 2020 : N. C.

2- SUNNA DESIGN, L’ÉCLAIRAGE SANS L’ÉLECTRICITÉ

Ignace de Prest de SUNNA DESIGN

Ignace de Prest de SUNNA DESIGN ©DR

Sunna Design, quant à elle, n’est plus vraiment une start-up. L’entreprise a été créée en 2009 sur une idée de Thomas Samuel, un ingénieur-voyageur en quête d’une « vocation » et de la « résolution de sujets impérieux », confie le jeune homme (voir ci-contre). « L’idée était d’apporter de la lumière dans les zones dépourvues de réseau électrique et d’énergie, avec un environnement climatique extrême (chaleur, tempêtes de sable…) et sans techniciens sur place pour la maintenance », énonce Ignace de Prest, CEO de Sunna depuis 2018. « Soit typiquement un village rural africain », ajoute-t-il. Le cahier des charges contient ainsi des critères de simplicité (« plug and play »), de robustesse et de longévité, la capacité de produire de l’électricité 365 jours par an, quelle que soit la météo, le tout sans besoin de maintenance.

Sunna développe cette technologie grâce à son premier partenaire industriel, un laboratoire du CEA à Nersac (actuelle usine de la SAFT). Une levée de fonds en 2011 et un partenariat stratégique avec Schneider Electric lancent ses produits sur le marché africain, au Nigeria. Un second tour de table de 5 millions d’euros en 2015, complété par une importante subvention de la Région Nouvelle-Aquitaine et de Bpifrance, permettent à Sunna d’ouvrir sa propre usine, estampillée « Usine du futur », à Blanquefort, et de débuter l’industrialisation de ses produits.

L’éclairage Sunna répond aux problématiques d’empreinte carbone et de souci d’économie

« C’est le concept africain qui a guidé le développement de cette technologie. Et cela nous a permis de créer des différenciateurs uniques. Le rôle de l’Afrique dans notre histoire est essentiel », estime Ignace de Prest. Et si l’entreprise réalise toujours 90 % de son chiffre d’affaires d’un peu moins de 10 millions d’euros en 2020 en Afrique, où elle vient de signer un méga-contrat pour équiper tout un pays, elle se tourne aujourd’hui également vers les « géographies plus matures », dans lesquelles l’éclairage Sunna répond aux problématiques d’empreinte carbone et de souci d’économie, dans le cadre de la smart city. « Nos différenciateurs fonctionnement très bien dans le Sud de l’Europe, auprès des collectivités notamment, ou aux États-Unis », indique Ignace de Prest, dont les lampadaires solaires éclairent le parking du magasin Ikéa de Bayonne et du Leclerc de Langon. Grâce à une troisième levée de fonds de 7 millions d’euros en 2017, Sunna a renforcé ses bases avant de s’offrir en 2020 le numéro un américain de l’éclairage solaire, Sol. Un financement qui a également permis à la start-up Moon de sortir du bois.

start-up

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SUNNA DESIGN

Date de création : 2009

Fondateur et président : Thomas Samuel

Dirigeant : Ignace de Prest

Objet : plateforme technologique modulaire d’éclairage public

Implantation : Nigeria, Gabon et une vingtaine de pays africains, mais aussi aux États-Unis, en France, en Italie, en Espagne et au Moyen-Orient (Algérie, Égypte)

Effectifs : 35 collaborateurs

CA 2020 : moins de 10 millions d’euros

3- MOON ÉLECTRIFIE LES VILLAGES AFRICAINS

start-up

Thomas Samuel, Président de MOON © D.R.

Également imaginée par Thomas Samuel, qui a découvert lors de ses voyages « les problématiques de justice sociale liées au sujet de l’électrification en milieu rural », Moon propose aux foyers africains des kits solaires à crédit. « Nous fournissons les panneaux solaires, la batterie et la recharge USB, qu’ils payent au fur et à mesure par mobile crédit. Les produits étant bien sûr bloqués si le bénéficiaire ne paye pas », explique Thomas Samuel. « Opérateur de services essentiels », qui ne fabrique pas les kits, mais en établit les cahiers des charges et source les composants pour les industriels qui les produisent, Moon équipe déjà 7 000 clients sur le continent. Chaque opération est financée grâce à une campagne préalable sur la plateforme bordelaise Solylend, qui permet à Moon de réaliser ensuite le déploiement des services, dont elle assure également la maintenance. « Cela permet aux foyers de sortir du cycle de la pauvreté et de dégager de la valeur pour acheter des biens durables ensuite », analyse Thomas Samuel.

Nos kits solaires permettent aux foyers de sortir du cycle de la pauvreté.

Moon, qui prépare pour 2022 une levée de fonds de 3 millions d’euros, après celle d’1,3 million réalisée en 2020, « est en train de diversifier ses produits, avec des smartphones qui se rechargent par énergie solaire, afin d’aider à l’inclusion digitale », indique le jeune dirigeant, qui précharge sur les terminaux des contenus à visée éducative. Malgré « un contexte de rupture de stock sur les semi-conducteurs », la start-up prévoit également une nouvelle offre de kits de puissance « pour ceux qui ont commencé à avoir l’électricité et veulent se lancer dans l’entrepreneuriat, avoir un usage productif ou de confort (moulin, réfrigérateur ou télévision solaire) », énumère Thomas Samuel. Présente au Sénégal et au Togo, où elle a signé un contrat de licence sur 15 ans, Moon fourmille de projets, et vise un million d’utilisateurs d’ici 3 ans, précise Thomas Samuel, tout juste de retour du continent. « Il est absolument nécessaire d’aller sur place et de rencontrer les gens quand on veut faire du business avec l’Afrique. Il pourrait d’ailleurs être intéressant de créer une team Aquitaine sur l’Afrique, afin d’y repositionner Bordeaux intelligemment sur le plan économique », suggère-t-il.

start-up

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MOON

Date de création : 2019

Fondateur : Thomas Samuel

Objet : kits solaires, smartphones et kits de puissance

Implantation : Sénégal et Togo. Projets en cours dans 6 pays

Clients : 7 000 utilisateurs, un million visé d’ici 3 ans

Effectifs : 4 collaborateurs en France, 50 au Sénégal, 100 au Togo fin 2021

CA 2020 : supérieur à 500 000 euros

CA prévisionnel 2021 : supérieur à un million d’euros